Kaboul, Montréal

Rien ne les unissait.
Le destin en aura décidé autrement.
L’une est née à Peshawar; l’autre à Saint-André de Kamouraska. L’une deviendra l’avocate de l’autre, accusée du meurtre au second degré de son fils.

Peshawar, juillet 2017 – Comme à chaque été, la famille d’Orzala Banuchi se réunit à Peshawar pour les vacances. Ces moments passés en famille sont l’occasion pour son mari, Kamal Banuchi, de retrouver son frère ainé, Khalid. Lors d’un accident de voiture, Kamal meurt. Orzala, mère de deux adolescents, Roshan et Zarmina se retrouve veuve. Khalid, défait par la mort de son frère, et envahi d’un fort sentiment de culpabilité, prend la relève. Il accepte qu’Orzala retourne au Canada mais à une condition : que le fils d’Orzala devienne le tuteur de la famille. Il lui confie tous les pouvoirs. Sous l’influence de son oncle, Roshan devient de plus en en plus tyrannique.

Roshan surveille constamment sa mère. Quant à sa sœur, dont le mariage – forcé – est déjà prévu, son contrôle devient excessif. Il chronomètre ses allers/retours à l’école, surveille étroitement ses déplacements, et l’oblige à se voiler, effaçant toutes traces de féminité. Si où l’une d’elles ne respecte pas les règles, Roshan émet des sanctions de plus en plus sévères qui le pousseront jusqu’à la violence physique.

Alors que le mariage de Zarmina approche, la tension monte. Zarmina (15 ans) pense pouvoir échapper au contrôle de Roshan. Dans une ruelle sombre, à l’abri des regards indiscrets, son frère la surprend à embrasser un garçon. Il devient fou. En rage, il consulte une femme qui, après examen gynécologique, confirme que Zarmina n’est plus vierge. Roshan veut tuer sa sœur. Il la bat jusqu’à la mort. Orzala, témoin de l’horreur de la scène, doit choisir : sa fille ou son fils.

Vendredi, 23 mars 2018, Montréal, plusieurs de voitures de polices illuminent la rue de leurs gyrophares. On sent la mort. Entourée de policiers, Orzala Banuchi, les mains menottées, sort de chez elle. Les habitants restent là, pétrifiés dans la nuit. Me Françoise Beaulieu, criminaliste bien connue, est appelée d’urgence pour l’enquête préliminaire. Elle découvre une femme en état de choc et aphone. Elle plaide non coupable pour sa cliente. Orzala est accusée de tentative de meurtre sur son fils.